Changements de paradigme : aller vers soi

Plus de trois mois que je suis partie et je m’aperçois de certains changements dans ma façon de penser. Comme le dit très justement Matthieu Ricard : ” se transformer soi-même pour transformer le monde”.

Le temps est une notion toute relative

En Birmanie, je me suis surprise à penser “oh, il n’y a que 7h de bus, c’est cool”. Pays assez étendu, les différents points touristiques du Myanmar sont dispersés aux 4 points cardinaux, ce qui nécessite donc de grands trajets en bus pour rejoindre les villes principales.

15h, 12h, 22h … Et je ne vous parle même pas du train ! Moi qui rechignais à utiliser blablacar car “6h de voiture ça me soule.”

Certes, je découvre un nouveau pays et suis donc plus attentive aux paysages et j’ai le temps de “perdre mon temps”, mais je crois profondément qu’il est question de ma propre façon d’aborder la situation.

J’apprends à prendre mon temps.

Je suis de ces touristes qui restent 3 jours dans un village perdu au milieu de nulle part car ils s’y sentent bien. Je ne verrai pas tout de chaque pays, mon but est de ressentir l’atmosphère d’un pays, entrer en contact avec ses habitants car plus que les hauts lieux touristiques, ce sont les rencontres et les anecdotes qui resteront gravées dans ma mémoire.

J’ai rencontré bon nombre de voyageurs qui courent d’un point à un autre pour ajouter tel ou tel lieu à leur checklist. Il y a même au sein de la communauté des travellers une certaine culpabilisation à ne pas avoir vu ça ou ça, pas avoir fait ça ou ça : “Quoi, tu ne vas pas aller au lac Inlé? C’est le plus beau coin de la Birmanie”. “Et bien non, je n’ai pas envie et je préfère rester 4 jours à ne rien faire à Kyaukme (petite ville dans l’est du Myanmar)” car j’y suis bien.

On pourrait penser, espérer même, que ceux qui ont tout lâché, sont sortis pour un moment du système soient plus ouverts à la différence; mais on se recrée rapidement un modèle..

Il faut accepter de dépendre des autres

Se retrouver dans un pays où la communication est quasi impossible, où les horaires de bus ne sont qu’indicatifs, où les panneaux de signalisation ne sont pas traduits en anglais,… apprend à faire confiance.

Fondamentalement autonome, je me retrouve régulièrement depuis le départ de mon trip, à être dépendante des locaux. Un nouveau sentiment pour moi qui – en tant normal – aime maîtriser la situation.
Un nouveau sentiment qui m’apprend à lacher prise, à faire confiance, à ne pas me stresser sur les horaires, à vivre l’instant présent.

Un nouveau sentiment qui peut être agréable finalement !!

Il est possible se sentir seul.e en étant entouré.e

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, faire partie d’une communauté ne permet pas nécessairement d’être en communion les uns avec les autres. Dans un voyage comme celui que j’entreprends, nous faisons en effet tous partie de la communauté des “voyageurs”, mais il y a tellement de façons de voyager (slow tourisme, tourisme de masse, club ou auberge de jeunesse, sentiers battus ou outside, ville ou campagne…..) que si c’est là le seul point commun, cela ne suffit pas

Lorsque l’on voyage en solo, on n’est jamais réellement seul, mais la présence d’une tierce personne n’empêche pas ce sentiment profond de solitude. Je me rends compte qu’il est facile de “rencontrer” des gens, mais pas évident de faire de “belles rencontres”.

Ceci dit, cela m’apprend trois choses :

  • la première est qu’il est essentiel de définir ce qui nous correspond / qui nous sommes avant d’attendre de l’autre qu’il nous comprenne;
  • la seconde est que je ne fais pas partie de ceux qui peuvent vivre sans attache;
  • la dernière est qu’il est primordial de prendre soin de ceux que nous aimons et qui nous entourent; car ce sont eux qui embellissent notre quotidien.

 

Ce voyage est un immense challenge pour moi qui suis « un animal sociabe  : réussir à trouver le bonheur dans ma propre solitude et/ou accepter ne pas être faite pour être seule. On dit en effet que c’est avec soi que l’on passe le plus de temps.

Aller au bout de mon voyage est donc pour moi l’occasion de faire l’expérience du déracinement, d’une certaine solitude et de réussir à pour autant être bien avec moi-même; ce qui ceci dit me permettra d’être encore mieux avec les autres. Ultra sociable de nature, je rencontre très facilement d’autres voyageurs pour un diner, un verre, une visite, mais ai besoin de partager mes expériences sur du long terme pour les vivre pleinement.

Ce n’est jamais simple d’avouer ne pas être aussi fort qu’on l’imaginait au départ… Mais chaque voyage doit avant tout être un plaisir !

Make it slow, follow the flow

Découvrez notre jeu de cartes CloseUp, le jeu de cartes à jouer qui pourrait bien vous sauver !

Suivez-nous sur